Derick
Smith
The Road Home
Phillipe Poivert 2023
Derick Smith,
Image d'un monde brouillé,
Ou, la tentation spirituelle.
Il y a cette première impression, quand on est confronté au travail de Derick Smith, celle d'une oeuvre imposante, austère, taillée dans la matière colorée. minimaliste et brut, on repère le travail du geste, de la technique, du procédé, de la gestion de l'accident, sur la matière colorée. A la fois "pop" au sens pop art, on pense également aux peintres et plasticiens minimalistes americains (don flavin, franck stella, sol lewitt...,) mais aussi à certaines toiles de Gerhard Richter. Très proche de la matière, la couleur à l'état brut s'impose, s'orchestre, en rythmes et en strates et traduit un cheminement de pensées, de questionnements, de quêtes (perdues ?).
Une approche ludique des entrelas de couleurs laisse très vite place à un sentiment plus grave, celui d'un monde qui nous échappe, dans une absolu beauté du désastre. Dans ses dernières productions, la lecture des œuvres le confirme.C'est tout notre monde d'aujourd'hui, codé, numérique, vibrant, fluide, fragile, plein de déliquescence qui sont ici magnifié. Le travail sort du cadre, coule en flot littéralement, tel un glitch vidéo ( un glitch est une pointe de tension ou une impulsion inopinée, positive ou negative, que produit un convertisseur analogique-numérique.) Un monde brouillé, tranché, qui s'écoule et s'écroule. Il y a un côté flamboyant de fin du monde. Les toiles rappellent ces "data" qui mettent au rouge les voyants de notre consommation énergétique mondiale. Une nouvelle vision de l'anthropocène !. (L'Anthropocène est une nouvelle époque géologique qui se caractérise par l'avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques. C'est l'âge des humains ! Celui d'un désordre planétaire inédit.)
Plus récemment, les images de l'exposition Red church fascinent . impressionnantes et comme en apesanteur, les peintures se substituent aux vitraux de l'église. Elles entrent en résonance avec le lieu, font un pont entre le comtemporain et le sacré.
Elles proposent une nouvelle lecture, spirituelle et (in)achevé, d'une certaine idée de nos vies.
Une réalité alteré, fuyante, décomposé, dyséqué, pour finir régénérer en tableaux ou la vitesse du temps semble figé, sur "pause". On pense à un cataclysme, à une " vitrification" nucléaire. Mais nous sommes aussi entré dans la lumière, celle de la révélation, dans un nouveau parcours de vie, dénudés et humbles, ou le geste premier de l'artiste sera de faire étale des fondamentaux de notre existence : tracer un sillon de lumière, interrogé la voies, insaisissable et méandreuse de notre possible parcours.
Derick Smith,
Image of a blurred world,
Or, spiritual temptation.
There is this first impression, when one is confronted with the work of Derick Smith, that of an imposing, austere work, carved from colored material. minimalist and raw, we identify the work of the gesture, the technique, the process, the management of the accident, on the colored material. Both "pop" in the pop art sense, we also think of American minimalist painters and visual artists (Don Flavin, Franck Stella, Sol Lewitt...) but also of certain paintings by Gerhard Richter. Very close to the material, color in its raw state imposes itself, orchestrates itself, in rhythms and layers and translates a journey of thoughts, of questions, of (lost?) quests.
A playful approach to intertwining colors quickly gives way to a more serious feeling, that of a world that escapes us, in an absolute beauty of disaster. In his latest productions, reading the works confirms this. It is our entire world today, coded, digital, vibrant, fluid, fragile, full of decay which is magnified here. The work leaves the frame, literally flows in a stream, like a video glitch (a glitch is a burst of tension or an unexpected impulse, positive or negative, produced by an analog-digital converter.) A blurred, divided world, which is flows and collapses. There is a flamboyant end-of-the-world side to it.
The paintings recall these “data” which turn the lights of our global energy consumption red. A new vision of the Anthropocene!. (The Anthropocene is a new geological epoch characterized by the advent of humans as the main force of change on Earth, surpassing geophysical forces. It is the age of humans! The age of unprecedented planetary disorder.)
More recently, the images from the Red Church exhibition are fascinating. impressive and as if weightless, the paintings replace the stained glass windows of the church. They resonate with the place, creating a bridge between the contemporary and the sacred.
They offer a new reading, spiritual and (un)finished, of a certain idea of our lives.
An altered, fleeting, decomposed, dissected reality, to end up regenerating into paintings where the speed of time seems frozen, on "pause". We think of a cataclysm, of a nuclear “vitrification”. But we have also entered the light, that of revelation, into a new journey of life, naked and humble, where the artist's first gesture will be to display the fundamentals of our existence: to trace a furrow of light, questioned the elusive and meandering path of our possible journey.